Notes d’une conférence de Lwiis Saliba sur Zoom 17-07-24
Thème: ‘Le cerveau du Bouddha’
Lwiis Saliba :
Nous continuons à propos du livre Le cerveau du Bouddha, qui fait le lien entre neurosciences et l’enseignement du Bouddha.
« Résister contre une chose, c’est la nourrir »
Ce qu’il y a d’important, c’est de ne pas résister aux expériences douloureuses, et ne pas s‘attacher, envier ce qui nous fait plaisir, car cela crée un désir irrépressible, ce qui amène régulièrement à une souffrance. Donc, être vigilant et tolérant, quand on ne peut pas la changer.
Bien sûr, si on peut changer une douleur, ne pas hésiter à le faire, mais si on ne peut rien y faire, il est bon de l’accepter. Si on la refuse, on l’accentue. Le Bouddha parlait de la douleur comme une première flèche, et de la souffrance comme une seconde, cette dernière étant facultative. Soyons curieux, essayons de savoir la cause de la douleur, pour pouvoir y remédier à l’avenir.
On conseille d’implanter le positif dans le négatif.
1) On introduit les expériences positives actuelles dans les expériences passées anciennes, ainsi on les adoucit, on traite les blessures.
2) On insiste sur les perspectives positives.
Pour diminuer l’anxiété, faites travailler votre diaphragme. Même l’observer, cela le calme, Tenzin Palmo l’a souligné souvent. Du moment qu’on sent une gêne, une peur, une colère, revenez à votre respiration, et ces émotions vont diminuer. Voilà qui est très simple, mais très efficace.
Il y a une relation inversement proportionnelle entre le travail du diaphragme et l’anxiété. Plus le diaphragme travaille, moins il y a d’anxiété.
2) Un deuxième conseil, après avoir fait travailler le diaphragme :
La relaxation et l’anxiété sont antinomiques. En effet, notre réaction à l’anxiété est la crispation, en différents endroits : serrer les dents, pincer les lèvres, les fesses, les jambes, les mains… mais la réaction est la crispation, ce qui ne fait qu’accentuer la réaction négative [c’est donc un cercle vicieux]. Par conséquent, à chaque fois, faire un scanner pour évacuer l’anxiété, comme un robinet situé en bas d’une cuve en évacue l’eau.
3) Reconnaître la peur dès qu’elle apparaît, et l’observer dans le corps. Si on dénie qu’on a peur, on risque d’aggraver cette peur.
4) Décrire verbalement ce qu’on sent : calme le cerveau reptilien, qui est la source de la réaction de peur, et renforce le cortex cérébral qui a pour fonction essentielle de calmer le cerveau reptilien.
5) Voir la peur comme une vague, qui vient frapper une rive, mais par nature rebroussera chemin. Tenzin Palmo explique qu’une pensée est une bulle d’air, qu’il suffit de piquer pour la crever. Alors que la conscience est une espace très vaste, et la peur n’est qu’un nuage dans cet espace. Donc, bien sûr, ne pas s’y identifier.
6) Une autre idée qui vient de l’histoire même des êtres humains : jusqu’à il y a 10.000 ans, c’est à dire jusqu’à l’apparition de l’agriculture, nos ancêtres étaient dans des groupes de cueilleurs-chasseurs, pas plus de 150 personnes. Comme cela, ils faisaient face aux dangers, en particulier aux animaux sauvages. Cette collaboration a favorisé leur survie.
7) La tendance agressive est directement liée à l’augmentation de la testostérone, chez les hommes comme chez les femmes, ceci est contré par la sérotonine. A nous de jouer pour influencer cet équilibre dans le bon sens.
Les conflits entre ces petites communautés d’êtres humains ont été responsables de 25% de la mort des êtres humains, alors que maintenant, ce n’est que 1%. Cela a ancré l’anxiété dans nos gènes.
Je cite un article d’une revue scientifique : tuer un homme dans une guerre actuelle coûte un demi-million de dollars. Pour envoyer un homme dans un voyage spatial, cela coûte 50 milliards de dollars. Sauver un être humain d’une mort de fain, cela ne coûte que 10 dollars. Voilà le grand paradoxe de notre temps actuel.
Chaque individu a, à intérieur de lui-même deux loups, en dualité, celui de l’amour et celui de la haine : on ne peut pas détruire le loup de la haine, mais on peut donner à manger au loup de l’amour. Cela fait penser au poème d’Alfred de Vigny, le loup vit en famille, il est fidèle et ne prend pas une autre louve s’il perd la sienne. D’un côté, il y a la solidarité familiale qui est très importante, et de l’autre l’agression.
Même si le loup de la haine occupe une place importante dans les mass media, le loup de l’amour est plus grand, plus fort, et son renforcement sur des millions d’années a été à la base de l’évolution du cerveau humain : les mammifères et les oiseaux ont des cerveaux beaucoup plus grands que ceux des reptiles et des poissons, parce que leur vie de famille et de communauté ont contribué à développer leur cerveau. Il y a de quoi méditer sur ces faits. Si on est arrivé au niveau de l’homo sapiens, c’est grâce à la vie de communauté, celle-ci a fait plus que seulement protéger des agresseurs. L’altruisme est un vrai facteur de progrès.
En conclusion : « Si on est arrivé à devenir un homo sapiens, c’est grâce à la vie communautaire. Même les animaux d’autres espèces sont soumis à cette loi ».
Pratique de Jacques Vigne
Nuancer : ne pas lutter contre les obstacles. Comparaison de l’éléphant royal.
Respiration abdominale infinie.
Symétrie entre balancement respiratoire de la tête et respiration abdominale. Origine embryonnaire.
Saupoudrer notre pratique méditative, et notre vie quotidienne, de petits arrêts en fin d’expiration.
Tendon d’Achille, talon d’Achille : en détendant le tendon d’Achille, transformer la fragilité en détente, pour saper l’anxiété, et finalement s’en débarrasser. Détendre ce tendon revient à retirer une carte en bas d’un château de carte : tout ce qu’il y a au-dessus s’affaisse d’un coup.
Lien entre détente du tendon d’Achille, de ceux des mâchoires, des trapèzes, du bas des grands droits de l’abdomen, sous le hara, et détente de la zone de la dent de foudre quand on rabat la pointe du nez, ou même qu’on sent qu’on la rabat avec le pouce et l’index de lumière.
Poser le dos de chaque main sur le milieu de chaque cuisse, en faisant le contact entre le pouce et l’index, chin-moudra, le geste de la conscience. Reproduire ce geste avec les mains de lumière en les posant sur le milieu des trapèzes et des mâchoires.
Fin : méditation altruiste, déjà par la démultiplication de l’image ressentie de son corps dans les méditations précédentes.
.